L’essai oral de Paul Harvey, « Si j’étais le Diable » (1965), inspira l’artiste et poète Richard Williams mieux connu sous son pseudonyme “Prince Ea”
Si j’étais le Diable….., si j’étais le Prince des Ténèbres, je voudrais engloutir le monde entier dans les ténèbres. J’aurais un tiers des biens immobiliers et quatre cinquièmes de la population. Mais je ne serais pas heureux tant que je n’aurais pas saisi la pomme la plus mûre de l’arbre. Je ferais donc tout ce qu’il faut pour m’emparer des États-Unis. Je subvertirai d’abord les églises, je commencerai par une campagne de chuchotements. Avec la sagesse d’un serpent, je vous chuchoterais, comme j’ai chuchoté à Eve, « Faites ce que vous voulez ». Aux jeunes, je chuchoterais que la Bible est un mythe, je les convaincrais que c’est l’homme qui a créé Dieu et non l’inverse. Je leur confierais que ce qui est mauvais est bon et que ce qui est bon est mauvais. Et les vieux, je leur apprendrais à prier après moi…. « Notre Père, qui est à Washington. »
Et puis je m’organiserais. J’enseignerais aux auteurs comment rendre la littérature obscure, excitante, afin que tout le reste paraisse terne et inintéressant. Je menacerais la télévision avec des films plus sales et vice versa. Je vendrais des stupéfiants à qui je pourrais, Je vendrais de l’alcool aux dames et aux messieurs distingués, Je tranquilliserais les autres avec des pilules.
Si j’étais le diable, j’aurais bientôt des familles en guerre contre elles-mêmes, des églises en guerre contre elles-mêmes et des nations en guerre contre elles-mêmes. Jusqu’à ce que chacun soit consumé à son tour. Et avec la promesse d’une meilleure audience, j’aurais des médias hypnotisants qui attisent les flammes.